Pourquoi j’ai l’impression de rater ma vie à 30 ans (alors que tout va bien) ?

Avoir l’impression d’être en retard sur sa vie, ou pire, de l’avoir ratée, à 30 ans seulement… C’est un gros dossier qui me trotte dans la tête depuis un moment. Cependant, en essayant de rédiger plusieurs fois ce billet, je me suis heurtée à l’évidence que je devais forcément l’aborder (au moins) de 2 façons. Et le centre de tout ça ? C’est à mes yeux, tristement ou non, ta carrière professionnelle.

Alors, à la façon d’un livre dont vous êtes le héros, choisis l’option qui colle le mieux à ce que tu as vécu👇

Team 1 ✏️

Tu as continué de suivre le parcours classique qu’on t’a toujours montré.
Bac, études sup, premier boulot, CDI, avec peut-être un ou deux changements de boîte grand maximum.

Team 2 🌪

Tu as tenté une voie… puis une autre… puis une autre… (peut-être jalonné de boulots alimentaires parce qu’il faut bien vivre) et, maintenant, tu es toujours là à errer pour savoir quel sens tu veux donner à ta « carrière » (parce que c’est important, non ?)

Aujourd’hui, je vais m’adresser à la Team 1 (ne vous en faites pas, chère team 2, on se retrouve très bientôt !).

Alors…

Tu as un toit, un boulot, parfois même un entourage aimant.
Tu ne vis pas une tragédie. Pas de drame majeur.
Et pourtant… un sentiment de vide. Une question qui te hante :

« Est-ce que je suis en train de passer à côté de ma vie ? »

Tu as l’impression de cocher les cases, mais pas de vibrer. Comme si tu étais dans un film où tu avais le rôle principal avec un script suivi à la lettre… mais ça ressort à la fin comme un navet ou un mauvais téléfilm.


Une crise de la trentaine ?

On parle de la crise de l’adolescence, de la crise de la quarantaine… mais la crise de la trentaine alors, est-ce que c’est un vrai truc ?

Faisons un bref récap, à 30 ans, tu as souvent :

  • assez vécu pour savoir ce que tu ne veux plus 👌
  • pas encore assez de recul pour comprendre ce que tu veux vraiment 😶
  • un trop-plein de comparaisons (merci la famille et Instagram) 🤯
  • un trop-plein de fatigue mentale (merci la charge de la vie) 🤕

Alors forcément… le doute s’invite.

Et c’est normal ! Aujourd’hui, avoir 30 ans, c’est un point de passage qui peut être vraiment TRÈS différent d’une personne à l’autre.
Eh oui…
À 10 ans, on est toustes à l’école primaire.
À 20 ans, la grande majorité d’entre nous est partie en étude sup (parce qu’on était déjà en plein dans la génération où un simple Bac n’était clairement « pas suffisant » pour envisager une carrière).
Mais… à 30 ans ? Pfouah.

Il a pu se passer TELLEMENT de choses dans la vie des un·e·s et des autres.

Du coup ? Tu te compares, tu regardes à côté si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Tu te demandes si tu as fait les bons choix… si tu n’as pas tout raté.


Avoir raté sa vie : constat indéniable ou opportunité de bifurquer ?

C’est vrai ça, à 30 ans, tu étais censé·e avoir quoi (selon la superbe idée préconçue de notre société) ? Un CDI ? Un appart ? Une vie « stable » ? Check ✅

Mais alors pourquoi ce goût de creux ?

Parce qu’en réalité, on t’a vendu une carte au trésor de la vie réussie. Sauf qu’à l’arrivée… il n’y a pas de trésor.
Juste toi, avec tes doutes et ton énergie qui décline.

Tu t’aperçois que :

  • la « réussite » telle qu’on te l’a vendue ne comble pas les vides existentiels,
  • la stabilité ne garantit pas le bonheur,
  • l’adulte accompli que tu étais censé·e devenir… ben c’est toi. Maintenant… mais que tu ne te sens pas accompli·e pour un sou.

Alors, ce sentiment d’échec même si, fondamentalement, « tout va bien », c’est peut-être :

  • une alerte de ta tête qui ne veut plus fonctionner en pilote automatique,
  • un besoin de réalignement, pas de révolution (après, si tu veux tout plaquer pour aller élever des chèvres dans le Larzac, c’est très chouette aussi !),
  • le signal qu’il est temps de te demander : « C’est quoi, réussir ma vie, à moi ? »

Mais quand tu as toujours appris à faire « comme il faut », cette question fait flipper… surtout quand tu as l’impression d’avoir suivi le mode d’emploi parfait.


« Je fais quoi avec cette sensation moi maintenant ? »

Se confronter à ça, ça donne très fortement envie de faire l’autruche, je suis bien d’accord avec toi.
Comme c’est confortable de faire comme si ça n’existait pas, pas vrai ? Ma psy m’avait parlé un jour de l’idée paradoxale de l’inconfort d’une zone de confort que l’on tolère quand on a peur d’agir pour sortir de cette zone, je trouve ça très parlant ici.

Et si, plutôt que de fuir cette pensée, tu l’écoutais ?

  • Qu’est-ce qui te manque vraiment aujourd’hui dans ton quotidien ?
  • Est-ce que tu vis ta vie ou celle qu’on attend de toi ?
  • Quand as-tu ressenti de la joie simple, la dernière fois ?
  • De quoi rêves-tu secrètement, sans oser le dire ?

Peut-être que tu n’es pas en train de rater ta vie. Peut-être que tu es simplement en train de prendre un échangeur ou une sortie sur l’autoroute, ce qui est très différent de finir dans le fossé complet, non ?


Rater selon qui, en fait d’ailleurs ?

Je reboucle un peu avec ce que je disais plus haut concernant les paliers des 10 ans où les deux décennies précédentes étaient plutôt jalonnées de façon large (et encore que, quand tu ne rentres pas dans le moule scolaire ou qu’école rime avec survie, c’est clairement pas gagné…).

Finalement, quand tu as l’impression de rater ta vie à 30 ans, tu crois rater par rapport à un modèle. Mais ce modèle, ce n’est souvent pas toi qui l’as choisi :

  • Le couple à 2 enfants à 32 ans ? Pas obligatoire.
  • Le taf-passion qui paie bien ? Pas la norme.
  • La maison Pinterest avec un bullet journal parfait ? Idéal marketing qui n’existe même pas.
    (bon j’avoue, j’ai craqué sur le Bullet Journal personnellement, assez pour t’avoir recommandé de l’essayer dans un précédent article… je plaide coupable !)

Et si rater, c’était simplement refuser un scénario qui ne te ressemble pas ?
Est-ce que c’est véritablement « rater » si c’est le cas ?


Ta vie n’est pas une ligne droite, et c’est OK

Notre génération a vécu dans le sillon de la vie de beaucoup de nos parents qui ont pu avoir facilement du travail, parfois même sans faire d’études, et qui sont restés souvent dans la même boîte toute leur vie.
Si cet archétype était ton modèle de vie à toi aussi, pas étonnant que questionner ta vie aujourd’hui te colle des sueurs froides 🫂

Mais, ce que tu vis actuellement, ce n’est pas un échec.
Prends ça plus comme un sas flou entre l’ancienne version de toi et la nouvelle, une phase où tu t’écoutes toi pour de vrai en remettant en question une voie que tu as peut-être suivie trop aveuglément.

Peut-être que tu reviendras sur ta décision en constatant que c’était simplement une mauvaise période (avec tout ce qui se passe autour de nous et dans le monde en ce moment, c’est plutôt normal de tout remettre en question…).
Ou peut-être pas. Et ce sera alors le premier grand embranchement de la courbe de ta vie (qui est plus tortueuse que tu l’avais pensé à la base).


On en parle en commentaire ? Je sais que verbaliser une première fois le fait que je questionnais fort mon orientation une fois mon diplôme d’ingénieur en poche avait fait écho chez de nombreuses personnes (j’en avais même fait une vidéo Youtube dédiée à l’époque). Et je sais aussi que voir beaucoup de commentaires en ce sens avait soulagé celleux qui vivaient la même chose. Sur ce sujet plus qu’un autre, je serai vraiment curieuse d’avoir ton expérience de vie (et merci à toi si tu te décides à partager ton histoire 💛)


2 commentaires

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