Est-ce normal de se sentir vide quand il ne se passe « rien de grave » ?


C’est un de ces jours où tout roule « sur le papier ». Tu as dormi correctement, tu as mangé normalement, pas de gros drame à l’horizon…
Et pourtant, tu ressens un genre de vide mou. Pas de larmes, pas de colère, juste un grand « meh » qui flotte en toi.

Tu ne vas pas mal, mais tu ne vas pas bien non plus. Et ce qui te ronge, c’est de ne pas comprendre pourquoi.


Le syndrome du « tout va bien, mais moi non »

On t’a appris à associer le mal-être à une cause : une rupture, un burn-out, un deuil, un problème concret.
Alors forcément, quand tout semble stable, ton vide devient suspect.

Tu te demandes si tu n’es pas juste ingrat·e, trop sensible, voire un peu paresseux·se.
Mais si tu creuses un peu… tu verras que ce sentiment de vide sans cause apparente est bien plus courant qu’on ne le dit.

Et non, ce n’est ni un caprice, ni une faiblesse.


Ce vide, peut-être un trop-plein ?

Tu ne vis peut-être rien de grave, mais tu vis peut-être trop de petites choses à la fois.
Un quotidien en accéléré, des attentes floues, une vie où tu coches les cases sans trop savoir si elles sont vraiment à toi.

Résultat : tu avances, mais tu ne « vibres » plus. Et ce vide que tu ressens, c’est parfois ton corps qui dit : « J’en peux plus de tout absorber sans jamais digérer. »

Pourtant, ce n’est pas parce que tu n’as pas de « bonne excuse » pour aller mal, que ton ressenti est moins valide.


La société te pousse à minimiser ce que tu ressens

On vit dans une époque où ressentir sans expliquer, ça fait peur.
Tu dois toujours justifier, toujours trouver la cause ou à l’inverse toujours répondre sans connaître l’origine d’un problème.

Tu ne peux pas juste dire « je suis vide » sans qu’on te réponde :

  • « T’as qu’à faire du sport, ça libère des endorphines, ça te fera du bien »
  • « Tu penses trop, arrête »
  • « Ça ira mieux demain »
  • « Tu devrais être heureux·se, regarde tout ce que t’as »

Mais le vide ne se remplit pas avec des injonctions.
Il se comprend.
Il s’accueille.
Il s’explore — même s’il est parfois (très) inconfortable.


Et si le vide n’était pas un problème, mais un message ?

Tu n’es pas cassé·e. Tu n’as pas besoin d’être « réparé·e ».
Peut-être que ce vide vient te dire :

  • que tu tournes en rond dans une vie qui n’a plus de sens pour toi,
  • que tu t’es trop adapté·e, jusqu’à te perdre,
  • que tu as trop fait pour les autres, pas assez pour toi.

Et ça, ça ne se soigne pas avec un bain moussant ou la meilleure routine skincare.


Comment vivre avec ce vide — sans culpabilité

Je ne sais pas toi, mais j’ai l’impression que j’ai une relation assez conflictuelle aujourd’hui avec le vide, comme s’il était si inconfortable que je ne pouvais pas m’empêcher de le remplir.
Un temps mort ? Je dois trouver une occupation.
Un blanc dans une discussion ? Je dois vite me remettre à parler.

Pourtant, rien ne nous oblige à remplir notre vie pour fuir le vide. C’est presque une stratégie de l’autruche de fonctionner par automatisme à ce niveau-là.

Et si on essayait de faire l’inverse ? Le regarder en face. Le questionner.

  • Qu’est-ce qui me manque, vraiment ?
  • Qu’est-ce que je fais par automatisme, sans envie ?
  • Est-ce que je m’écoute, ou est-ce que je fais ce qu’on attend de moi ?

Parfois, ce qu’il te faut, ce n’est pas de faire plus. C’est de faire différemment.


Conclusion : tu as le droit d’aller « pas si bien » même quand tout semble aller

Le vide ne veut pas dire que tu rates ta vie.
Il ne signifie pas que tu es dépressif·ve, ni anormal·e.
C’est peut-être une conséquence d’un SPM un peu relou par ailleurs.

En réalité, il est parfois simplement une alerte douce, un murmure, un petit voyant intérieur qui clignote pour te dire que quelque chose a besoin d’attention. Sans vouloir tomber dans du développement personnel à 2€50, c’est une réflexion récente que j’ai eue à force de rencontrer périodiquement ces petits épisodes.

Alors la prochaine fois que tu ressens ce flou, ce creux, cette espèce de grisaille intérieure, ne le balaye pas d’un revers de main. Écoute-le.
Il a peut-être quelque chose à te dire sur toi, et sur la vie que tu veux vraiment vivre.


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Répondre à Est-ce que je suis introverti ou juste fatigué par le monde ? – (extra)ordinaire trentenaire Annuler la réponse.