Pourquoi tu te forces à finir des séries pourries ?

Ça t’énerve.
Tu ne sais pas pourquoi tu le fais, mais, une chose est sûre, tu sais que ça t’énerve.

C’est tout le temps la même chose.
Même si tu n’aimes pas une série, tu te sens obligé·e de tout regarder jusqu’au dernier épisode.
Même si tu n’aimes pas un film dès la première heure, tu te sens obligé·e de le regarder jusqu’au bout.
Même si tu n’aimes pas un livre, tu te sens obligé·e de le lire jusqu’à la dernière page.

Alors, pourquoi ? Et comment on se défait de cette malédiction qui te fait perdre un temps monstre ? J’essaie de te livrer mes réflexions sur le sujet.

Avoir horreur de perdre du temps… et s’infliger quelque chose que l’on n’aime pas

Je ne sais pas toi, mais je suis ce genre de personne qui essaie d’optimiser son temps avec des façons qui peuvent parfois frôler le ridicule :

  • Si j’écoute un podcast, il faut que ce soit en faisant autre chose à côté, que ce soit du dessin, du ménage ou une balade.
  • Si je regarde une vidéo sur Youtube (ou même parfois un film ou une série sur Netflix), il faut que ce soit en vitesse accélérée.
  • Si je prends les transports en commun, il faut absolument que j’ai quelque chose à faire en même temps pour que le trajet ne soit pas simplement du temps perdu.

Tu t’en doutes donc, et c’est peut-être pareil pour toi : je n’aime pas perdre mon temps.

Pourtant, avant…

  • J’étais incapable d’arrêter un film avant la fin alors que je n’aimais pas ce que je regardais.
  • J’étais incapable d’arrêter de lire avant la fin, même si je m’ennuyais profondément et que je traînais des pieds à l’idée d’une session lecture (contre-productivité maximale…).
  • J’étais incapable de stopper une série avant le dernier épisode, même si ça faisait 2 saisons que je trouvais ça nul.

Se faire du mal et perdre du temps… c’était donc ce que c’était.
Mais, pourtant, je le faisais quand même.

Et, en même temps, j’ai fonctionné comme ça pendant des années : je me suis toujours forcée à aller au bout des choses que je regardais ou que je lisais. Ce n’est pas du hate-watch, car je ne déteste pas le contenu non plus. Simplement, il est décevant ou nul à mes yeux.

Alors, pourquoi je me force à finir ces séries que je n’aime pas ?

Malheureusement, je n’ai toujours pas la réponse cette question. Peut-être un côté psychorigide, de control freak ou de stress lié à quelque chose d’inaccompli ou de FOMO type « je dois passer à côté de quelque chose » (sentiment nettement accentué quand je me mets à regarder quelque chose parce que tout le monde en dit du bien).
Il y a peut-être bien aussi un petit soupçon de biais des coûts irrécupérables (investissement en temps passé ici « j’ai déjà tellement passé de temps dessus, tout ça pour ne pas voir ou lire moi-même la fin ») dans tout ça.

Néanmoins, peu importe son origine (même si trouver l’origine d’un problème est encore la meilleure façon de le résoudre), j’ai activement travaillé à résoudre ce problème en me forçant à… arrêter de me forcer.

Mon temps est trop précieux pour passer un mauvais moment

Est-ce que c’est ça finalement d’avoir 30 ans ? Enfin réaliser qu’on en a marre de s’infliger des moments désagréables ?

J’ai appris à dire stop progressivement

Comme dit plus haut, pour me sortir de cette habitude insupportable, j’ai dû apprendre et me forcer à arrêter de me forcer.

Étape 1 : arrêter une série après plusieurs saisons

J’aimerais bien me souvenir du premier truc où j’ai enfin accepté de lâcher prise, mais je ne m’en souviens malheureusement pas. Cependant, je pense que ça devait être très haut sur l’échelle de la nullité, mais pas assez pour rentrer dans la catégorie où tu restes pour rigoler.

Dans mes premières fois, je me souviens néanmoins de la série Umbrella Academy. Coup de cœur sur la saison 1, j’avais été mitigée sur la saison 2 pour finalement avoir détesté la saison 3.
Même si je m’étais rendu compte tôt dans la saison que je trouvais ça très nul, j’ai continué (tu t’en doutes). MAIS. Je me suis jurée que je ne m’infligerai plus ça si la série était renouvelée.
Et j’ai réussi.
La saison 4 est sortie, et je n’en ai jamais regardé un épisode.

Étape 2 : tester une série et la lâcher en cours de saison

Après ça, j’ai essayé de le faire de plus en plus souvent.
Mon terrain d’entraînement a été de commencer des nouvelles séries et de les juger au bout de 2 ou 3 épisodes max :

  • J’accroche > je continue ✅
  • Je n’accroche pas > j’arrête ❌.

Ç’a été typiquement le cas pour la série 1899 où je me suis royalement ennuyée sur trois épisodes. Même si j’aimais l’esthétique et l’idée intéressante de l’histoire, j’ai dit ciao très vite.

Étape 3 : arrêter un film en cours de visionnage

Celle-là n’a pas été simple du tout pour tacler ce sentiment n’inachevé et du côté « on passe à côté de quelque chose ». Là encore, je pense qu’il a fallu un bon navet même pas drôle ou un film beaucoup trop lent où il ne se passait rien pour me faire un déclic.

Pour ça, c’est vraiment le temps restant de visionnage qui va tout déterminer : c’est une chose de se forcer 15 minutes pour finir un film, ç’en est une autre si après 45 minutes tu n’accroches pas et qu’il reste plus de la moitié du film.

Si c’est passer à côté de la fin qui te titille le cerveau, opte pour la technique de l’avance rapide, voire de sauter carrément à la fin (même si tu risques de ne pas tout comprendre selon les films) ou bien d’aller regarder sur internet comment le film se termine.

Étape 4 : arrêter un livre en cours de lecture

Mon boss final a été de lâcher un livre dans lequel j’avais en plus investi de l’argent (l’abonnement Netflix ou tout autre service de VOD ne te donne pas accès qu’à une seule chose, donc ça influe moins). Et c’est en réfléchissant à ce point que je me suis dit qu’il y avait sûrement un petit peu du biais des coûts irrécupérables dans tout ça : « j’ai payé ce livre, je vais quand même pas ne pas le finir ? Il faut que je « rentabilise » mon achat ».

Lire, ça prend (souvent) du temps.
C’est au bout des 3/4 d’un livre de 500 pages auquel je n’accrochais pas du tout que je me suis finalement rendue compte qu’il fallait absolument que je lâche l’affaire.
Oui, on m’en avait dit que du bien.
Oui, je l’avais acheté.
Oui, j’avais déjà passé plus de 10 heures dessus (à la louche, je suis une lectrice lente).
Mais, non, je n’allais pas encore m’infliger des heures dessus pour le finir alors que j’ai tant d’autres romans que je trouverais sûrement bien meilleurs que lui.

Ce dernier épisode était récent (ce roman traîne d’ailleurs encore sur ma table basse).
Je ne me suis pas encore résolue à retirer le marque-page dedans ni à poser le livre dans une boîte à livre, mais ça ne saurait tarder.


Après tout ce chemin, il y a encore des fois où je vais me surprendre à me forcer à consommer ce type d’ouvrage, livre, série ou film, mais ce ne sont plus que des exceptions.
Arrêter quelque chose parce que je passais un mauvais moment est donc devenu ma nouvelle habitude qui me permet de gagner du temps, pour le plus grand plaisir de la control-freak et reine de l’optimisation que je suis !

Comment arrêter de regarder des séries que tu n’aimes pas ?

Je pense qu’un bon moyen de commencer à apprendre à dire stop quand tu n’aimes pas un film, une série ou un livre, c’est de viser une série encore en cours.
Quand tu arrives à la fin de ton visionnage jusqu’à être à jour, tu vas devoir attendre comme les autres qu’une future saison sorte. Ce temps d’attente va t’aider à prendre du recul, redescendre, ne plus avoir la fièvre du binge-watch. Et, quand la nouvelle saison sortira, tu pourras te rappeler à quel point tu avais détesté la précédente pour t’éviter de rempiler pour une nouvelle saison.

Et, si tu veux quand même savoir comment ça finit ou ce qui se passe pour assouvir ton désir de curiosité sur la suite de l’histoire (même si elle est nulle), va chercher des spoilers sans vergogne en ligne !

Comme je l’ai mentionné avec mon expérience plus tôt, commencer de nouvelles séries (auxquelles tu n’as donc pas déjà un attachement installé) et se forcer à statuer de si tu continues ou pas au bout de 2 ou 3 épisodes peut aussi être une bonne idée.

Ça peut être super contre-intuitif de viser une série pour ça parce que les sagas et les séries poussent énormément à attendre une suite, là où la torture d’un one shot s’arrêtera dès sa fin. Mais, ça vaut le coup d’essayer.

Et si ce n’était pas que pour les séries ?

Je disais au début de cet article que c’était peut-être ça d’avoir 30 ans : réaliser qu’on a passé l’âge de s’infliger des moments désagréables.

Alors, bien sûr, il y a des moments désagréables qu’on ne peut pas esquiver tout le temps non plus (du style un rendez-vous chez le dentiste ou remplir sa déclaration d’impôts).
Mais je suis relativement convaincue qu’on s’inflige au quotidien beaucoup de choses désagréables par habitude… tandis que l’on a réellement le pouvoir de s’en débarrasser.

Évidemment, ici, j’ai parlé de choses très futiles comme arrêter de se faire du mal en regardant quelque chose que tu n’aimes manifestement pas, mais ça pourrait très bien s’étendre à bien d’autres choses (à tout hasard, si tu passes un mauvais moment dès la seconde où tu pousses la porte de ton boulot jusqu’à en ressortir, c’est peut-être un sentiment assez important pour réfléchir aux options pour te sortir de ça…). Ça peut aussi résonner avec ces amitiés toxiques qui nous font passer de mauvais moments et desquelles on n’arrive pas à se détacher par exemple.


Je te laisse avec cette dernière réflexion qui je pense me travaille bien plus que je ne le pense en arrière-plan depuis quelques années. Je serai très curieuse d’avoir ton ressenti et ton avis sur tout ça si tu veux prendre quelques minutes pour le partager ici 💛✨

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